Commele Paradoxe sur le comédien, le Supplément au Voyage de Bougainville n'est à l'origine qu'un compte rendu de lecture destiné à La Correspondance littéraire de Grimm : une note sur le Voyage autour du monde (1771) que Bougainville rédigea à partir du Journal tenu lors de son voyage à Tahiti (6-15 avril 1768).

ï»żChapitre I - Jugement du voyage de Bougainville Au cours d’une discussion, A et B Ă©voquent le livre de Bougainville que B est en train de lire. A n’a pas lu cet ouvrage que B lui dĂ©crit. Il raconte ainsi le voyage de Bougainville, il parle d’Aotourou, un otaĂŻtien qui accompagna Bougainville jusqu’à Paris, et de la vie sauvage » des OtaĂŻtiens que B compare aux mƓurs europĂ©ennes, si diffĂ©rentes. B propose ensuite Ă  A de lire un passage du Voyage concernant l’adieu que fit le chef d’une Ăźle aux voyageurs. Chapitre II - Les adieux du vieillard À l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, ce vieillard s’était enfermĂ© chez lui. Lorsque ceux-ci s’en vont, le vieillard tient un discours dans lequel il dĂ©clare qu’il faut se lamenter lorsqu’ils arrivent et non lorsqu’ils partent. Il reproche Ă  Bougainville d’avoir introduit les vices europĂ©ens chez eux, dĂ©valorise la prĂ©tendue civilisation europĂ©enne et souhaite aux navires de couler. Chapitre III - Entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou L’otaĂŻtien Orou loge un aumĂŽnier. AprĂšs le repas, Orou propose Ă  l’aumĂŽnier de choisir entre sa femme et ses trois filles afin que l’une d’entre elles devienne mĂšre. L’aumĂŽnier refuse Ă  cause de sa religion. S’en suit une discussion sur les rapports entre les hommes et les femmes dans la sociĂ©tĂ© otaĂŻtienne, ainsi que sur la religion. Orou ne comprend pas les EuropĂ©ens, qui sont censĂ©s obĂ©ir Ă  l’État et Ă  Dieu, mais qui ne sont pas punis lorsqu’ils ne le font pas. La conversation retourne Ă  A et B qui parlent de miss Polly Baker, une femme qui a Ă©tĂ© de nombreuses fois enceinte sans ĂȘtre mariĂ©e. Elle a Ă©chappĂ© Ă  la punition prĂ©vue en renvoyant la culpabilitĂ© sur les hommes. Chapitre IV - Suite de l’entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou L’aumĂŽnier et Orou poursuivent la comparaison de leurs cultures respectives. Il est notamment question d’inceste, d’adultĂšre, de l’importance des enfants, de l’argent, des religieux. Orou ne comprend pas les obligations qui lient les moines. L’aumĂŽnier finit par cĂ©der Ă  la tentation que reprĂ©sentent les filles et la femme d’Orou. Chapitre V - Suite du dialogue entre A et B À leur tour, A et B comparent les sociĂ©tĂ©s d’Europe et d’OtaĂŻti. Ils se rendent compte que beaucoup des principes auxquels ils tiennent ne sont pas naturels mais acquis. Il leur semble que l’homme sauvage est davantage dans le juste que l’homme civilisĂ© il faudrait en effet se rapprocher davantage des lois de la nature.
\n \n\n\n supplément au voyage de bougainville fiche de lecture
SupplĂ©ment au voyage Bougainville ou dialogue entre A et B sur l inconvĂ©nient d attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n en comportent pas. Denis Diderot, 5 Octobre 1713 Ă  Langres - 31 Juillet 1784 Paris Date de rĂ©daction: 1772 Date de parution:1796 Édition utilisĂ©e: Le Livre de Poche
Fiche de lecture sur le SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot. Notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot comprend ... Lire la suite 9,99 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 3,99 € ExpĂ©diĂ© sous 2 Ă  4 semaines LivrĂ© chez vous entre le 13 septembre et le 27 septembre Fiche de lecture sur le SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot. Notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot comprend un rĂ©sumĂ© du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, une analyse des personnages ainsi qu'une analyse des thĂšmes et axes de lecture. Cette fiche de lecture sur Le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par un professeur de français. A PROPOS DE LA COLLECTION La sĂ©rie offre des contenus Ă©ducatifs aux Ă©tudiants et aux professeurs tels que des rĂ©sumĂ©s, des analyses littĂ©raires, des questionnaires et des commentaires sur la littĂ©rature moderne et classique. Nos documents sont prĂ©vus comme des complĂ©ments Ă  la lecture des oeuvres originales et aide les Ă©tudiants Ă  comprendre la littĂ©rature. FondĂ© en 2001, notre site s'est dĂ©veloppĂ© trĂšs rapidement et propose dĂ©sormais plus de 2500 documents directement tĂ©lĂ©chargeables en ligne, devenant ainsi le premier site d'analyses littĂ©raires en ligne de langue française. FichesdeLecture est partenaire du MinistĂšre de l'Education du Luxembourg depuis 2009. Date de parution 10/12/2014 Editeur ISBN 978-2-511-02831-5 EAN 9782511028315 PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 24 pages Poids Kg Dimensions 12,7 cm × 20,3 cm × 0,1 cm
SupplĂ©mentau voyage de Bougainville de Diderot (Fiche de lecture) : Analyse complĂšte de l'oeuvre - ISBN: 9782511026779 et tous les livres scolaires en livraison 1 jour ouvrĂ© avec Amazon Premium Accueil ebook > Savoirs > Scolaire TĂ©lĂ©chargement ebook sans DRM Lecture en ligne streaming Gagnez 0,60 € en recommandant ce livre avec DĂ©cryptez SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec l’analyse du ! Que faut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette Ɠuvre dans une fiche de lecture complĂšte et dĂ©taillĂ©e. Vous trouverez notamment dans cette fiche ‱ Un rĂ©sumĂ© complet ‱ Une prĂ©sentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumĂŽnier ‱ Une analyse des spĂ©cificitĂ©s de l’Ɠuvre les LumiĂšres et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophique Une analyse de rĂ©fĂ©rence pour comprendre rapidement le sens de l’Ɠuvre. LE MOT DE L’ÉDITEUR Dans cette nouvelle Ă©dition de notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 2014, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour dĂ©coder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes trĂšs diffĂ©rents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de l’Ɠuvre et d’aller au-delĂ  des clichĂ©s. » StĂ©phanie FELTEN À propos de la collection PlĂ©biscitĂ© tant par les passionnĂ©s de littĂ©rature que par les lycĂ©ens, est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence en matiĂšre d’analyse d’Ɠuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numĂ©rique, ont Ă©tĂ© conçues pour guider les lecteurs Ă  travers la littĂ©rature. Nos auteurs combinent thĂ©ories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire dĂ©couvrir et redĂ©couvrir les plus grandes Ɠuvres littĂ©raires. est reconnu d’intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique par le ministĂšre de l’Éducation. Plus d’informations sur Guide des formats Les livres numĂ©riques peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s depuis l'ebookstore Numilog ou directement depuis une tablette ou smartphone. PDF format reprenant la maquette originale du livre ; lecture recommandĂ©e sur ordinateur et tablette EPUB format de texte repositionnable ; lecture sur tous supports ordinateur, tablette, smartphone, liseuse Votre support de lecture Format Protection Application Ordinateur -EPUB -PDF DRM Adobe LCP Lecture en ligne streaming Adobe Digital EditionsDRM Adobe Thorium Reader LCP Tablette et smartphone iOS / Android EPUB PDF LCP DRM Adobe Appli Lisa IOS / Androidne lit pas les fichiers protĂ©gĂ©s par Adobe DRM Appli Lea Reader IOS/ Androidne lit pas les fichiers protĂ©gĂ©s par Adobe DRM Adobe Digital Edition IOS/AndroidLit uniquement la DRM Adobe Liseuse EPUB DRM Adobe Module de lecture de la liseuse Liseuse Diva EPUB LCPDRM Adobe Module de lecture de la liseuse Diva Consultez l’aide pour en savoir plus. Solution LCP DRM Ce livre est protĂ©gĂ© contre la rediffusion Ă  la demande de l'Ă©diteur DRM. La solution LCP apporte un accĂšs simplifiĂ© au livre une clĂ© d'activation associĂ©e Ă  votre compte client permet d'ouvrir immĂ©diatement votre livre numĂ©rique. Les livres numĂ©riques distribuĂ©s avec la solution LCP peuvent ĂȘtre lus sur Le logiciel Thorium Reader pour PC/Mac/Linux Les applications compatibles LCP Lis-a pour iOS et Android, Lea Reader pour Android , Aldiko Next pour IOS et Android La liseuse Bookeen DIVA et Vivlio Solution Adobe DRM Ce livre est protĂ©gĂ© contre la rediffusion Ă  la demande de l'Ă©diteur DRM. La solution Adobe consiste Ă  associer un fichier Ă  un identifiant personnel Adobe ID. Une fois votre appareil de lecture activĂ© avec cet identifiant, vous pouvez ouvrir le livre avec une application compatible. Les livres numĂ©riques distribuĂ©s avec la solution Adobe peuvent ĂȘtre lus sur Le logiciel Adobe Digital Editions pour PC/Mac Les applications Adobe Digital Editions pour iOS et Android et PocketBook pour iOS et Android Les liseuses Bookeen, Kobo, Vivlio, Sony, PocketBook Informations ebook EAN EPUB SANS DRM 9782806220653 Suggestions personnalisĂ©es Sur le mĂȘme thĂšme De la mĂȘme collection Du mĂȘme auteur Restez informĂ©e des Ă©vĂ©nements et promotions ebook Paiement sĂ©curisĂ© Bienvenuedans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis La genĂšse et l’édition des Ɠuvres de Diderot (1713-1784) sont souvent complexes et problĂ©matiques : comme le Paradoxe sur le comĂ©dien (conçu en 1769, publiĂ© en 1830), le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville n’est Ă  l’origine qu’un compte rendu de lecture destinĂ© Ă  La Correspondance littĂ©raire de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville IL'immoralitĂ© des colons Diderot qualifie les hommes civilisĂ©s de "mĂ©chants". Le champ lexical de la cruautĂ© est associĂ© aux colons "enchaĂźner", "Ă©gorger", "assujettir", "se haĂŻr", "asservir". Le champ lexical de la violence est associĂ© aux colons "funeste avenir", "fureurs inconnues", "folles", "fĂ©roces", "teintes de sang". De nombreuses rĂ©pĂ©titions et Ă©numĂ©rations insistent sur l'Ă©tendue de la cruautĂ© et de la violence des colons. Ce texte propose une peinture pĂ©jorative de la colonisation. C'est un vol "Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi ! Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ?". Les colons sont donc des voleurs qui se sont appropriĂ© une terre par la force. Leur pouvoir est illĂ©gitime. Les colons n'ont obtenu ce pays que par la violence, leur supĂ©rioritĂ© n'est que dans la guerre, pas dans l'intelligence "vous enchaĂźne, vous Ă©gorge", "le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ ", "cette lame de mĂ©tal". IIUne redĂ©finition du sauvage Diderot redĂ©finit le terme de "sauvage". Les colons sont peints comme cruels et violents. Ils sont dits civilisĂ©s mais se comportent comme des monstres. Les Tahitiens rejettent les coutumes europĂ©ennes "nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumiĂšres". Les colons qualifient les Tahitiens de sauvages alors que ce sont eux qui se montrent barbares en assujettissant un peuple. Le portrait fait des colons, des EuropĂ©ens, est en contradiction avec l'idĂ©e qu'ils sont civilisĂ©s, supĂ©rieurs et bons. Au contraire, ils sont des personnages nĂ©gatifs. Le vieil homme tahitien paraĂźt sage. Il y a donc une redĂ©finition du terme "sauvage", les colons apparaissant comme les vĂ©ritables sauvages. IIIUne critique de la propriĂ©tĂ© Dans ce texte, Diderot remet en question l'idĂ©e de propriĂ©tĂ©. Les colons se sont appropriĂ© des terres en les volant. Ils ont mĂ©prisĂ© les hommes qui Ă©taient lĂ  avant eux "sommes-nous digne de mĂ©pris". La propriĂ©tĂ© crĂ©e la hiĂ©rarchie et la jalousie. Le vieil homme dĂ©nonce le comportement des colons "ce pays est Ă  toi ? Et pourquoi ?". La situation des colons devient illĂ©gitime. La propriĂ©tĂ© entraĂźne l'injustice et crĂ©e la haine "allument des fureurs inconnues", "femmes folles", "fĂ©roces", "haĂŻr". La propriĂ©tĂ© prive certains ĂȘtres de leur libertĂ©, elle est donc responsable de l'esclavage "le titre de notre futur esclavage", "esclaves", "tu veux nous asservir", "dĂ©fendre notre libertĂ©". La propriĂ©tĂ© engendre les vices "vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices", "aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux". IVUn discours polĂ©mique Ce texte est polĂ©mique. Diderot s'adresse Ă  Bougainville Ă  travers le vieil homme "Puis s'adressant Ă  Bougainville". On peut noter l'utilisation de la seconde personne du singulier "Et toi", "tu ne peux". Cela peut ĂȘtre perçu comme de l'irrespect Ă  l'Ă©gard de Bougainville car ce n'est pas une marque de respect. Cela souligne surtout que la hiĂ©rarchie n'existe pas chez le Tahitiens. On peut relever des procĂ©dĂ©s oratoires, notamment de nombreuses questions rhĂ©toriques "Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ?", "Ce pays est aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ?". Ce n'est pas un dĂ©bat mais un rĂ©quisitoire contre les colons. La ponctuation est expressive on trouve de nombreuses exclamations et interrogations. Le vieillard insulte les colons "chef des brigands", "brute". Le discours est structurĂ© et argumentĂ©. Le vieillard rappelle le dĂ©but de la colonisation, avec le vaisseau. Il dĂ©crit la façon dont vivaient les Tahitiens avant "Ici tout est Ă  tous", "Nous sommes libres". L'arrivĂ©e des colons est violente et intrusive "tu es entrĂ© dans nos cabanes." On peut remarquer le recours au prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale "Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon", "Tout ce qui est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons". On trouve des connecteurs logiques qui structurent le discours "et", "donc", "lorsque". VL'inversion des regards La technique qu'utilise Diderot dans cet extrait est celle de l'inversion des regards. En choisissant de renverser les rĂŽles traditionnellement attribuĂ©s Ă  son Ă©poque aux colons et aux natifs, il fait des hommes dits "sauvages" des sages, et des colons des sauvages. Cela permet Ă  Diderot de faire l'Ă©loge de la sociĂ©tĂ© tahitienne en s'appuyant sur le mythe du bon sauvage. Le discours du Tahitien montre que son peuple accorde de l'importance aux choses simples. Ce qui compte, c'est le bonheur, l'innocence et la tranquillitĂ©. Ils suivent leur "pur instinct de la nature". La sociĂ©tĂ© des Tahitiens est meilleure, elle est plus saine. Ils sont plus proches de la nature, et donc plus heureux "nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur". C'est une sociĂ©tĂ© innocente qui rappelle l'Homme avant la chute du jardin d'Éden. La sociĂ©tĂ© tahitienne base sa culture sur les principes de libertĂ© et de tolĂ©rance "nous sommes libres", "dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir". La sociĂ©tĂ© occidentale est mauvaise comparĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© des Tahitiens "Laisse-nous nos mƓurs ; elles sont plus sages que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumiĂšres". C'est une remise en cause de l'ethnocentrisme occidental. On peut relever l'utilisation de procĂ©dĂ©s d'inversion des regards. Diderot donne la parole au vieillard, donc aux esclaves, aux victimes. Il leur redonne leur humanitĂ©. On peut remarquer de nombreux parallĂ©lismes syntaxiques et des oppositions. La sociĂ©tĂ© tahitienne semble connaĂźtre le bonheur. Le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale est utilisĂ© pour dĂ©crire leur condition "Nous sommes innocents, nous sommes heureux", "Nous sommes libres". Les Tahitiens n'ont besoin de rien "Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons". Dans leur sociĂ©tĂ©, il n'est pas question de propriĂ©tĂ© "Ici, tout est Ă  tous." Il n'est pas non plus question de mariage "Nos femmes et nos filles nous sont communes". La sociĂ©tĂ© tahitienne semble respecter les trois valeurs qui seront le symbole de la RĂ©volution française, et qui Ă©taient chĂšres aux philosophes des LumiĂšres la libertĂ©, l'Ă©galitĂ©, la fraternitĂ©. La sociĂ©tĂ© dĂ©crite par Diderot est une sociĂ©tĂ© utopique. Comment Diderot condamne-t-il l'esclavage ?I. Le processus d'inversion des regardsII. La colonisation, un volIII. Les colons, des ĂȘtres violents et cruelsContre quelles valeurs le vieillard se dresse-t-il et quelles valeurs prĂŽne-t-il ?I. Une dĂ©nonciation de la propriĂ©tĂ©II. Un Ă©loge du bonheur simpleIII. Une sociĂ©tĂ© Ă©galitaireQuels sont les outils de l'argumentation ?I. Le processus d'inversion des regardsII. Le registre polĂ©miqueIII. Un portrait peu Ă©logieux des colons TĂ©lĂ©chargerle livre SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot (Fiche de lecture) de Fanny Normand en Ebook au format ePub sur Vivlio & Cultura et retrouve
Denis DiderotSupplĂ©ment au voyage de BougainvilleGarnier, 1875-77 p. 193.◄ Voyage autour du monde par la frĂ©gatela BoudeuseuoDIALOGUE ENTRE A. ET l’inconvĂ©nient d’attacherdes idĂ©es morales Ă  certaines actions physiquesqui n’en comportent pasAt quanto meliora monet, pugnantiaque istis,Dives opis Natura suĂŠ, tu si modo recteDispensare velis, ac non fugienda petendisImmiscere ! Tuo vitio rerumne labores,Nil referre putas ?Horat. Sat. lib. I, sat. ii, vers. 73 et seq.Écrit en 1772 — publiĂ© en 1796.IJUGEMENT DU VOYAGE DE Cette superbe voĂ»te Ă©toilĂ©e, sous laquelle nous revĂźnmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas Qu’en savez-vous ?A. Le brouillard est si Ă©pais qu’il nous dĂ©robe la vue des arbres Il est vrai ; mais si ce brouillard, qui ne reste dans la partie infĂ©rieure de l’atmosphĂšre que parce qu’elle est suffisamment chargĂ©ed’humiditĂ©, retombe sur la terre ?A. Mais si au contraire il traverse l’éponge, s’élĂšve et gagne la rĂ©gion supĂ©rieure oĂč l’air est moins dense, et peut, comme disent leschimistes, n’ĂȘtre pas saturĂ© ?B. Il faut attendre. A. En attendant, que faites-vous ?B. Je Toujours ce voyage de Bougainville ?B. Je n’entends rien Ă  cet homme-lĂ . L’étude des mathĂ©matiques, qui suppose une vie sĂ©dentaire, a rempli le temps de ses jeunesannĂ©es ; et voilĂ  qu’il passe subitement d’une condition mĂ©ditative et retirĂ©e au mĂ©tier actif, pĂ©nible, errant et dissipĂ© de Nullement. Si le vaisseau n’est qu’une maison flottante, et si vous considĂ©rez le navigateur qui traverse des espaces immenses,resserrĂ© et immobile dans une enceinte assez Ă©troite, vous le verrez faisant le tour du globe sur une planche, comme vous et moi letour de l’univers sur votre Une autre bizarrerie apparente, c’est la contradiction du caractĂšre de l’homme et de son entreprise. Bougainville a le goĂ»t desamusements de la sociĂ©tĂ© ; il aime les femmes, les spectacles, les repas dĂ©licats ; il se prĂȘte au tourbillon du monde d’aussi bonnegrĂące qu’aux inconstances de l’élĂ©ment sur lequel il a Ă©tĂ© ballottĂ©. Il est aimable et gai c’est un vĂ©ritable Français lestĂ©, d’un bord,d’un traitĂ© de calcul diffĂ©rentiel et intĂ©gral, et de l’autre, d’un voyage autour du Il fait comme tout le monde il se dissipe aprĂšs s’ĂȘtre appliquĂ©, et s’applique aprĂšs s’ĂȘtre Que pensez-vous de son Voyage ?B. Autant que j’en puis juger sur une lecture assez superficielle, j’en rapporterais l’avantage Ă  trois points principaux une meilleureconnaissance de notre vieux domicile et de ses habitants ; plus de sĂ»retĂ© sur des mers qu’il a parcourues la sonde Ă  la main, et plusde correction dans nos cartes gĂ©ographiques. Bougainville est parti avec les lumiĂšres nĂ©cessaires et les qualitĂ©s propres Ă  cesvues de la philosophie, du courage, de la vĂ©racitĂ© ; un coup d’Ɠil prompt qui saisit les choses et abrĂšge le temps des observations ;de la circonspection, de la patience ; le dĂ©sir de voir, de s’éclairer et de s’instruire ; la science du calcul, des mĂ©caniques, de lagĂ©omĂ©trie, de l’astronomie ; et une teinture suffisante d’histoire Et son style ?B. Sans apprĂȘt ; le ton de la chose, de la simplicitĂ© et de la clartĂ©, surtout quand on possĂšde la langue des Sa course a Ă©tĂ© longue ?B. Je l’ai tracĂ©e sur ce globe. Voyez-vous cette ligne de points rouges ?A. Qui part de Nantes ?B. Et court jusqu’au dĂ©troit de Magellan, entre dans la mer Pacifique, serpente entre ces Ăźles formant l’archipel immense qui s’étenddes Philippines Ă  la Nouvelle-Hollande, rase Madagascar, le cap de Bonne-EspĂ©rance, se prolonge dans l’Atlantique, suit les cĂŽtesd’Afrique, et rejoint l’une de ses extrĂ©mitĂ©s Ă  celle d’oĂč le navigateur s’est embarquĂ©. A. Il a beaucoup souffert ?B. Tout navigateur s’expose, et consent de s’exposer aux pĂ©rils de l’air, du feu, de la terre et de l’eau mais qu’aprĂšs avoir errĂ© desmois entiers entre la mer et le ciel, entre la mort et la vie ; aprĂšs avoir Ă©tĂ© battu des tempĂȘtes, menacĂ© de pĂ©rir par naufrage, parmaladie, par disette d’eau et de pain, un infortunĂ© vienne, son bĂątiment fracassĂ©, tomber, expirant de fatigue et de misĂšre, aux piedsd’un monstre d’airain qui lui refuse ou lui fait attendre impitoyablement les secours les plus urgents, c’est une duretĂ© !
A. Un crime digne de Une de ces calamitĂ©s sur laquelle le voyageur n’a pas Et n’a pas dĂ» compter. Je croyais que les puissances europĂ©ennes n’envoyaient, pour commandants dans leurs possessionsd’outre-mer, que des Ăąmes honnĂȘtes, des hommes bienfaisants, des sujets remplis d’humanitĂ©, et capables de compatir
B. C’est bien lĂ  ce qui les soucie !A. Il y a des choses singuliĂšres dans ce voyage de N’assure-t-il pas que les animaux sauvages s’approchent de l’homme, et que les oiseaux viennent se poser sur lui, lorsqu’ilsignorent le danger de cette familiaritĂ© ?B. D’autres l’avaient dit avant Comment explique-t-il le sĂ©jour de certains animaux dans des Ăźles sĂ©parĂ©es de tout continent par des intervalles de mereffrayants ? Qui est-ce qui a portĂ© lĂ  le loup, le renard, le chien, le cerf, le serpent ? B. Il n’explique rien ; il atteste le Et vous, comment l’expliquez-vous ?B. Qui sait l’histoire primitive de notre globe ? Combien d’espaces de terre, maintenant isolĂ©s, Ă©taient autrefois continus ? Le seulphĂ©nomĂšne sur lequel on pourrait former quelque conjecture, c’est la direction de la masse des eaux qui les a Comment cela ?B. Par la forme gĂ©nĂ©rale des arrachements. Quelque jour nous nous amuserons de cette recherche, si cela vous convient. Pour cemoment, voyez-vous cette Ăźle qu’on appelle des Lanciers ? À l’inspection du lieu qu’elle occupe sur le globe, il n’est personne qui nese demande qui est-ce qui a placĂ© lĂ  des hommes ? quelle communication les liait autrefois avec le reste de leur espĂšce ? quedeviennent-ils en se multipliant sur un espace qui n’a pas plus d’une lieue de diamĂštre ?A. Ils s’exterminent et se mangent ; et de lĂ  peut-ĂȘtre une premiĂšre Ă©poque trĂšs-ancienne et trĂšs-naturelle de l’anthropophagie,insulaire d’ Ou la multiplication y est limitĂ©e par quelque loi superstitieuse ; l’enfant y est Ă©crasĂ© dans le sein de sa mĂšre foulĂ©e sous les piedsd’une Ou l’homme Ă©gorgĂ© expire sous le couteau d’un prĂȘtre ; ou l’on a recours Ă  la castration des mĂąles
B. À l’infibulation des femelles ; et de lĂ  tant d’usages d’une cruautĂ© nĂ©cessaire et bizarre, dont la cause s’est perdue dans la nuit destemps, et met les philosophes Ă  la torture. Une observation assez constante, c’est que les institutions surnaturelles et divines sefortifient et s’éternisent, en se transformant, Ă  la longue, en lois civiles et nationales ; et que les institutions civiles et nationales seconsacrent, et dĂ©gĂ©nĂšrent en prĂ©ceptes surnaturels et C’est une des palingĂ©nĂ©sies les plus Un brin de plus qu’on ajoute au lien dont on nous N’était-il pas au Paraguay au moment mĂȘme de l’expulsion des jĂ©suites ?B. Qu’en dit-il ?B. Moins qu’il n’en pourrait dire ; mais assez pour nous apprendre que ces cruels Spartiates en jaquette noire en usaient avec leursesclaves Indiens, comme les LacĂ©dĂ©moniens avec les Ilotes ; les avaient condamnĂ©s Ă  un travail assidu ; s’abreuvaient de leur sueur,ne leur avaient laissĂ© aucun droit de propriĂ©tĂ© ; les tenaient sous l’abrutissement de la superstition ; en exigeaient une vĂ©nĂ©rationprofonde ; marchaient au milieu d’eux, un fouet Ă  la main, et en frappaient indistinctement tout Ăąge et tout sexe. Un siĂšcle de plus, etleur expulsion devenait impossible, ou le motif d’une longue guerre entre ces moines et le souverain, dont ils avaient peu Ă  peusecouĂ© l’autoritĂ©. A. Et ces Patagons, dont le docteur Maty et l’acadĂ©micien La Condamine ont fait tant de bruit ?B. Ce sont de bonnes gens qui viennent Ă  vous, et qui vous embrassent en criant Chaoua ; forts, vigoureux,toutefois n’excĂ©dant guĂšrela hauteur de cinq pieds cinq Ă  six pouces ; n’ayant d’énorme que leur corpulence, la grosseur de leur tĂȘte et l’épaisseur de avec le goĂ»t du merveilleux, qui exagĂšre tout autour de lui, comment l’homme laisserait-il une juste proportion aux objets, lorsqu’ila, pour ainsi dire, Ă  justifier le chemin qu’il a fait, et la peine qu’il s’est donnĂ©e pour les aller voir au loin ?A. Et du sauvage, qu’en pense-t-il ?B. C’est, Ă  ce qu’il paraĂźt, de la dĂ©fense journaliĂšre contre les bĂȘtes, qu’il tient le caractĂšre cruel qu’on lui remarque quelquefois. Il estinnocent et doux, partout oĂč rien ne trouble son repos et sa sĂ©curitĂ©. Toute guerre naĂźt d’une prĂ©tention commune Ă  la mĂȘmepropriĂ©tĂ©. L’homme civilisĂ© a une prĂ©tention commune, avec l’homme civilisĂ©, Ă  la possession d’un champ dont ils occupent les deuxextrĂ©mitĂ©s ; et ce champ devient un sujet de dispute entre Et le tigre a une prĂ©tention commune, avec l’homme sauvage, Ă  la possession d’une forĂȘt ; et c’est la premiĂšre des prĂ©tentions, etla cause de la plus ancienne des guerres
 Avez-vous vu le TaĂŻtien que Bougainville avait pris sur son bord, et transportĂ© dans cepays-ci ?B. Je l’ai vu ; il s’appelait Aotourou. À la premiĂšre terre qu’il aperçut, il la prit pour la patrie des voyageurs ; soit qu’on lui en eĂ»timposĂ© sur la longueur du voyage ; soit que, trompĂ© naturellement par le peu de distance apparente des bords de la mer qu’il habitait,Ă  l’endroit oĂč le ciel semble confiner Ă  l’horizon, il ignorĂąt la vĂ©ritable Ă©tendue de la terre. L’usage commun des femmes Ă©tait si bienĂ©tabli dans son esprit, qu’il se jeta sur la premiĂšre EuropĂ©enne qui vint Ă  sa rencontre, et qu’il se disposait trĂšs-sĂ©rieusement Ă  luifaire la politesse de TaĂŻti. Il s’ennuyait parmi nous. L’alphabet taĂŻtien n’ayant ni b, ni c, ni d, ni f, ni g, ni q, ni x, ni y, ni z, il ne put jamaisapprendre Ă  parler notre langue, qui offrait Ă  ses organes inflexibles trop d’articulations Ă©trangĂšres et de sons nouveaux. Il ne cessaitde soupirer aprĂšs son pays, et je n’en suis pas Ă©tonnĂ©. Le voyage de Bougainville est le seul qui m’ait donnĂ© du goĂ»t pour une autrecontrĂ©e que la mienne ; jusqu’à cette lecture, j’avais pensĂ© qu’on n’était nulle part aussi bien que chez soi ; rĂ©sultat que je croyais lemĂȘme pour chaque habitant de la terre ; effet naturel de l’attrait du sol ; attrait qui tient aux commoditĂ©s dont on jouit, et qu’on n’a pas la mĂȘme certitude de retrouver Quoi ! vous ne trouvez pas l’habitant de Paris aussi convaincu qu’il croisse des Ă©pis dans la campagne de Rome que dans leschamps de la Beauce ?B. Ma foi, non. Bougainville a renvoyĂ© Aotourou, aprĂšs avoir pourvu aux frais et Ă  la sĂ»retĂ© de son ĂŽ Aotourou ! que tu seras content de revoir ton pĂšre, ta mĂšre, tes frĂšres, tes sƓurs, tes maĂźtresses, tes compatriotes, que leurdiras-tu de nous ?B. Peu de choses, et qu’ils ne croiront Pourquoi peu de choses ?B. Parce qu’il en a peu conçues, et qu’il ne trouvera dans sa langue aucun terme correspondant Ă  celles dont il a quelques Et pourquoi ne le croiront-ils pas ?B. Parce qu’en comparant leurs mƓurs aux nĂŽtres, ils aimeront mieux prendre Aotourou pour un menteur, que de nous croire si En vĂ©ritĂ© ?B. Je n’en doute pas la vie sauvage est si simple, et nos sociĂ©tĂ©s sont des machines si compliquĂ©es ! Le TaĂŻtien touche Ă  l’originedu monde, et l’EuropĂ©en touche Ă  sa vieillesse. L’intervalle qui le sĂ©pare de nous est plus grand que la distance de l’enfant qui naĂźt Ă l’homme dĂ©crĂ©pit. Il n’entend rien Ă  nos usages, Ă  nos lois, ou il n’y voit que des entraves dĂ©guisĂ©es sous cent formes diverses ;entraves qui ne peuvent qu’exciter l’indignation et le mĂ©pris d’un ĂȘtre en qui le sentiment de la libertĂ© est le plus profond Est-ce que vous donneriez dans la fable de TaĂŻti ?B. Ce n’est point une fable ; et vous n’auriez aucun doute sur la sincĂ©ritĂ© de Bougainville, si vous connaissiez le supplĂ©ment de Et oĂč trouve-t-on ce supplĂ©ment ?B. LĂ , sur cette table. A. Est-ce que vous ne me le confierez pas ?B. Non ; mais nous pourrons le parcourir ensemble, si vous AssurĂ©ment, je le veux. VoilĂ  le brouillard qui retombe, et l’azur du ciel qui commence Ă  paraĂźtre. Il semble que mon lot soit d’avoirtort avec vous jusque dans les moindres choses ; il faut que je sois bien bon pour vous pardonner une supĂ©rioritĂ© aussi continue !B. Tenez, tenez, lisez passez ce prĂ©ambule qui ne signifie rien, et allez droit aux adieux que lit un des chefs de l’üle Ă  nos vous donnera quelque notion de l’éloquence de ces Comment Bougainville a-t-il compris ces adieux prononcĂ©s dans un langue qu’il ignorait ?B. Vous le saurez. C’est un vieillard qui parle..IILES ADIEUX DU Ă©tait pĂšre d’une famille nombreuse. À l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, il laissa tomber des regards de dĂ©dain sur eux, sans marquer niĂ©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ© [1]. Ils l’abordĂšrent ; il leur tourna le dos, se retira dans sa cabane. Son silence et son souci nedĂ©celaient que trop sa pensĂ©e il gĂ©missait en lui-mĂȘme sur les beaux jours de son pays Ă©clipsĂ©s. Au dĂ©part de Bougainville, lorsqueles habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient Ă  ses vĂȘtements, serraient ses camarades entre leurs bras, etpleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sĂ©vĂšre, et dit Pleurez, malheureux TaĂŻtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants unjour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans unemain, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l’autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche Ă  lafin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. TaĂŻtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper Ă un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »Puis s’adressant Ă  Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t’obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; ettu as tentĂ© d’effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et dumien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureursinconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr ; vous vousĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ  que tu as enfoui dans notreterre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entendsla langue de ces hommes-LĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l’as dit Ă  moi, ce qu’ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă nous. Ce pays est Ă  toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un TaĂŻtien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu’il gravĂąt surune de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de TaĂŻti, qu’en penserais-tu ? Tu es le plusfort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevĂ© une des mĂ©prisables bagatelles dont ton bĂątiment est rempli, tu t’es rĂ©criĂ©, tut’es vengĂ© ; et dans le mĂȘme instant tu as projetĂ© au fond de ton cƓur le vol de toute une contrĂ©e ! Tu n’es pas esclave tu souffriraisla mort plutĂŽt que de l’ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le TaĂŻtien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui donttu veux t’emparer comme de la brute, le TaĂŻtien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait passur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposĂ© auxflĂšches de nos ennemis ? t’avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image entoi. Laisse-nous nos mƓurs, elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appellesnotre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes demĂ©pris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ;lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, Ă  ton avis ? Poursuisjusqu’oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s’arrĂȘter, lorsqu’ils n’auraient Ă obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite dubesoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles etjournaliĂšres, la moindre qu’il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t’agiter, tetourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus ces hommes ; vois comme ils sont droits, sains et robustes Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines,fraĂźches et belles. Prends cet arc, c’est le mien ; appelle Ă  ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tĂąchez de le tendre. Jele tends moi seul ; je laboure la terre ; je grimpe la montagne ; je perce la forĂȘt ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’uneheure. Tes jeunes compagnons ont eu peine Ă  me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passĂ©s. Malheur Ă  cette Ăźle ! malheur aux TaĂŻtiensprĂ©sents, et Ă  tous les TaĂŻtiens Ă  venir, du jour oĂč tu nous as visitĂ©s ! Nous ne connaissions qu’une maladie, celle Ă  laquelle l’homme,l’animal et la plante ont Ă©tĂ© condamnĂ©s, la vieillesse, et tu nous en as apportĂ© une autre ; tu as infectĂ© notre sang. Il nous faudra peut-ĂȘtre exterminer de nos propres mains nos filles, nos femmes, nos enfants ; ceux qui ont approchĂ© tes femmes ; celles qui ontapprochĂ© tes hommes. Nos champs seront trempĂ©s du sang impur qui a passĂ© de tes veines dans les nĂŽtres ; ou nos enfants,condamnĂ©s Ă  nourrir et Ă  perpĂ©tuer le mal que tu as donnĂ© aux pĂšres et aux mĂšres et qu’ils transmettront Ă  jamais Ă  leursdescendants. Malheureux ! tu seras coupable, ou des ravages qui suivront les funestes caresses des tiens, ou des meurtres que nouscommettrons pour en arrĂȘter le poison. Tu parles de crimes ! as-tu l’idĂ©e d’un plus grand crime que le tien ? Quel est chez toi lechĂątiment de celui qui tue son voisin ? la mort par le fer quel est chez toi le chĂątiment du lĂąche qui l’empoisonne ? la mort par le feu compare ton forfait Ă  ce dernier ; et dis-nous, empoisonneur de nations, le supplice que tu mĂ©rites ? Il n’y a qu’un moment, la jeuneTaĂŻtienne s’abandonnait aux transports, aux embrassements du jeune TaĂŻtien ; attendait avec impatience que sa mĂšre autorisĂ©e parl’ñge nubile relevĂąt son voile, et mĂźt sa gorge Ă  nu. Elle Ă©tait fiĂšre d’exciter les dĂ©sirs, et d’arrĂȘter les regards amoureux de l’inconnu,de ses parents, de son frĂšre ; elle acceptait sans frayeur et sans honte, en notre prĂ©sence, au milieu d’un cercle d’innocents TaĂŻtiens,au son des flĂ»tes, entre les danses, les caresses de celui que son jeune cƓur et la voix secrĂšte de ses sens lui dĂ©signaient. L’idĂ©e decrime et le pĂ©ril de la maladie sont entrĂ©s avec toi parmi nous. Nos jouissances, autrefois si douces, sont accompagnĂ©es de remordset d’effroi. Cet homme noir, qui est prĂšs de toi, qui m’écoute, a parlĂ© Ă  nos garçons ; je ne sais ce qu’il a dit Ă  nos filles ; mais nosgarçons hĂ©sitent ; mais nos filles rougissent. Enfonce-toi, si tu veux, dans la forĂȘt obscure avec la compagne perverse de tes plaisirs ;mais accorde aux bons et simples TaĂŻtiens de se reproduire sans honte, Ă  la face du ciel et au grand jour. Quel sentiment plushonnĂȘte et plus grand pourrais-tu mettre Ă  la place de celui que nous leur avons inspirĂ©, et qui les anime ? Ils pensent que le momentd’enrichir la nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, et ils s’en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour croĂźtre ils croissentpour multiplier, et ils n’y trouvent ni vice, ni honte. Écoute la suite de tes forfaits. À peine t’es-tu montrĂ© parmi eux, qu’ils sont devenusvoleurs. À peine es-tu descendu dans notre terre, qu’elle a fumĂ© de sang. Ce TaĂŻtien qui courut Ă  ta rencontre, qui t’accueillit, qui tereçut en criant TaĂŻo ! ami, ami ; vous l’avez tuĂ©. Et pourquoi l’avez-vous tuĂ© ? parce qu’il avait Ă©tĂ© sĂ©duit par l’éclat de tes petits Ɠufsde serpents [2]. Il te donnait ses fruits ; il t’offrait sa femme et sa fille ; il te cĂ©dait sa cabane et tu l’as tuĂ© pour une poignĂ©e de cesgrains, qu’il avait pris sans te le demander [3]. Et ce peuple ? Au bruit de ton arme meurtriĂšre, la terreur s’est emparĂ©e de lui ; et ils’est enfui dans la montagne. Mais crois qu’il n’aurait pas tardĂ© d’en descendre ; crois qu’en un instant, sans moi, nous pĂ©rissieztous. Eh ! pourquoi les ai-je apaisĂ©s ? pourquoi les ai-je contenus ? pourquoi les contiens-je encore dans ce moment ? Je l’ignore ;car tu ne mĂ©rites aucun sentiment de pitiĂ© ; car tu as une Ăąme fĂ©roce qui ne l’éprouva jamais. Tu t’es promenĂ©, toi et les liens, dansnotre Ăźle ; tu as Ă©tĂ© respectĂ© ; tu as joui de tout ; tu n’as trouvĂ© sur ton chemin ni barriĂšre, ni refus on t’invitait ; tu t’asseyais ; on Ă©talaitdevant toi l’abondance du pays. As-tu voulu des jeunes filles ? exceptĂ© celles qui n’ont pas encore le privilĂšge de montrer leur visageet leur gorge, les mĂšres t’ont prĂ©sentĂ© les autres toutes nues ; te voilĂ  possesseur de la tendre victime du devoir hospitalier ; on ajonchĂ©, pour elle et pour toi, la terre de feuilles et de fleurs ; les musiciens ont accordĂ© leurs instruments ; rien n’a troublĂ© la douceur, nigĂȘnĂ© la libertĂ© de tes caresses ni des siennes. On a chantĂ© l’hymne, l’hymne qui t’exhortait Ă  ĂȘtre homme, qui exhortait notre enfant Ă ĂȘtre femme, et femme complaisante et voluptueuse. On a dansĂ© autour de votre couche ; et c’est au sortir des bras de cette femme,aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© sur son sein la plus douce ivresse, que tu as tuĂ© son frĂšre, son ami, son pĂšre, peut-ĂȘtre. Tu as fait pis encore ;regarde de ce cĂŽtĂ© ; vois cette enceinte hĂ©rissĂ©e de flĂšches [4]; ces armes qui n’avaient menacĂ© que nos ennemis, vois-les tournĂ©escontre nos propres enfants vois les malheureuses compagnes de nos plaisirs ; vois leur tristesse ; vois la douleur de leurs pĂšres ;vois le dĂ©sespoir de leurs mĂšres c’est lĂ  qu’elles sont condamnĂ©es Ă  pĂ©rir par nos mains, ou par le mal que tu leur as Ă  moins que tes yeux cruels ne se plaisent Ă  des spectacles de mort Ă©loigne-toi ; va, et puissent les mers coupables quit’ont Ă©pargnĂ© dans ton voyage, s’absoudre, et nous venger en t’engloutissant avant ton retour ! Et vous, TaĂŻtiens, rentrez dans voscabanes, rentrez tous ; et que ces indignes Ă©trangers n’entendent Ă  leur dĂ©part que le flot qui mugit, et ne voient que l’écume dont safureur blanchit une rive dĂ©serte ! »À peine eut-il achevĂ©, que la foule des habitants disparut un vaste silence rĂ©gna dans toute l’étendue de l’üle ; et l’on n’entendit que le sifflement aigu des vents et le bruit sourd des eaux sur toute la longueur de la cĂŽte on eĂ»t dit que l’air et la mer, sensibles Ă  la voix duvieillard, se disposaient Ă  lui Eh bien ! qu’en pensez-vous ?A. Ce discours me paraĂźt vĂ©hĂ©ment ; mais Ă  travers je ne sais quoi d’abrupt et de sauvage, il me semble y retrouver des idĂ©es et destournures Pensez donc que c’est une traduction du taĂŻtien en espagnol, et de l’espagnol en français. Le vieillard s’était rendu, la nuit, chez cetOrou qu’il a interpellĂ©, et dans la case duquel l’usage de la langue espagnole s’était conservĂ© de temps immĂ©morial [5]. Orou avaitĂ©crit en espagnol la harangue du vieillard et Bougainville en avait une copie Ă  la main, tandis que le TaĂŻtien la Je ne vois que trop Ă  prĂ©sent pourquoi Bougainville a supprimĂ© ce fragment ; mais ce n’est pas lĂ  tout ; et ma curiositĂ© pour lereste n’est pas Ce qui suit, peut-ĂȘtre, vous intĂ©ressera N’ C’est un entretien de l’aumĂŽnier de l’équipage avec un habitant de l’ Orou ?B. Lui-mĂȘme. Lorsque le vaisseau de Bougainville approcha de TaĂŻti, un nombre infini d’arbres creusĂ©s furent lancĂ©s sur les eaux ; enun instant son bĂątiment en fut environnĂ© ; de quelque cĂŽtĂ© qu’il tournĂąt ses regards, il voyait des dĂ©monstrations de surprise et debienveillance. On lui jetait des provisions ; on lui tendait Les bras ; on s’attachait Ă  des cordes ; on gravissait contre des planches onavait rempli sa chaloupe ; on criait vers le rivage, d’oĂč les cris Ă©taient rĂ©pondus ; les habitants de l’üle accouraient ; les voilĂ  tous Ă terre on s’empare des hommes de l’équipage ; on se les partage ; chacun conduit le sien dans sa cabane les hommes les tenaientembrassĂ©s par le milieu du corps ; les femmes leur flattaient les joues de leurs mains. Placez-vous lĂ  ; soyez tĂ©moin, par la pensĂ©e,de ce spectacle d’hospitalitĂ© ; et dites-moi comment vous trouvez l’espĂšce Mais j’oublierais peut-ĂȘtre de vous parler d’un Ă©vĂ©nement assez singulier. Cette scĂšne de bienveillance et d’humanitĂ© fut troublĂ©etout Ă  coup par les cris d’un homme qui appelait Ă  son secours ; c’était le domestique d’un des officiers de Bougainville. De jeunesTaĂŻtiens s’étaient jetĂ©s sur lui, l’avaient Ă©tendu par terre, le dĂ©shabillaient et se disposaient Ă  lui faire la Quoi ! ces peuples si simples, ces sauvages si bons, si honnĂȘtes ?
B. Vous vous trompez ; ce domestique Ă©tait une femme dĂ©guisĂ©e en homme. IgnorĂ©e de l’équipage entier, pendant tout le tempsd’une longue traversĂ©e, les TaĂŻtiens devinĂšrent son sexe au premier coup d’Ɠil. Elle Ă©tait nĂ©e en Bourgogne ; elle s’appelait BarrĂ© ; nilaide, ni jolie, ĂągĂ©e de vingt-six ans. Elle n’était jamais sortie de son hameau ; et sa premiĂšre pensĂ©e de voyager fut de faire le tourdu globe elle montra toujours de la sagesse et du Ces frĂȘles machines-lĂ  renferment quelquefois des Ăąmes bien fortes..IIIENTRETIEN DE L’AUMÔNIER ET D’ Dans la division que les TaĂŻtiens se firent de l’équipage de Bougainville, l’aumĂŽnier [6] devint le partage d’Orou. L’aumĂŽnier et leTaĂŻtien Ă©taient Ă  peu prĂšs du mĂȘme Ăąge, trente-cinq Ă  trente-six ans. Orou n’avait alors que sa femme et trois filles appelĂ©es Asto,Palli et Thia. Elles le dĂ©shabillĂšrent, lui lavĂšrent le visage, les mains et les pieds, et lui servirent un repas sain et frugal. Lorsqu’il fut surle point de se coucher, Orou, qui s’était absentĂ© avec sa famille, reparut, lui prĂ©senta sa femme et ses trois filles nues, et lui dit — Tu as soupe, tu es jeune, tu te portes bien ; si tu dors seul, tu dormiras mal ; l’homme a besoin la nuit d’une compagne Ă  son ma femme, voilĂ  mes filles choisis celle qui te convient ; mais si tu veux m’obliger, tu donneras la prĂ©fĂ©rence Ă  la plus jeune demes filles qui n’a point encore eu d’ mĂšre ajouta — HĂ©las! je n’ai point Ă  m’en plaindre ; la pauvre Thia ! ce n’est pas sa rĂ©pondit Que sa religion, son Ă©tat, les bonnes mƓurs et l’honnĂȘtetĂ© ne lui permettaient pas d’accepter ces rĂ©pliqua — Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empĂȘche de goĂ»terun plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maĂźtresse, nous invite tous ; de donner l’existence Ă  un de tes semblables ; de rendre un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maĂźtresse, nous invite tous ; de donner l’existence Ă  un de tes semblables ; de rendreun service que le pĂšre, la mĂšre et les enfants te demandent ; de t’acquitter avec un hĂŽte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir unenation, en l’accroissant d’un sujet de plus. Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles Ă©tat ; mais ton premier devoir estd’ĂȘtre homme et d’ĂȘtre reconnaissant. Je ne te propose point de porter dans ton pays les mƓurs d’Orou ; mais Orou, ton hĂŽte et tonami, te supplie de te prĂȘter aux mƓurs de TaĂŻti. Les mƓurs de TaĂŻti sont-elles meilleures ou plus mauvaises que les vĂŽtres ? c’estune question facile Ă  dĂ©cider. La terre oĂč tu es nĂ© a-t-elle plus d’hommes qu’elle n’en peut nourrir ? en ce cas tes mƓurs ne sont nipires, ni meilleures que les nĂŽtres. En peut-elle nourrir plus qu’elle n’en a ? nos mƓurs sont meilleures que les tiennes. Quant Ă l’honnĂȘtetĂ© que tu m’objectes, je te comprends ; j’avoue que j’ai tort ; et je t’en demande pardon. Je n’exige pas que tu nuises Ă  tasantĂ© ; si tu es fatiguĂ©, il faut que tu te reposes ; mais j’espĂšre que tu ne continueras pas Ă  nous contrister. Vois le souci que tu asrĂ©pandu sur tous ces visages elles craignent que tu n’aies remarquĂ© en elles quelques dĂ©fauts qui leur attirent ton dĂ©dain. Maisquand cela serait, le plaisir d’honorer une de mes filles, entre ses compagnes et ses sƓurs, et de faire une bonne action, ne tesuffirait-il pas ? Sois gĂ©nĂ©reux !l’ n’est pas cela elles sont toutes quatre Ă©galement belles ; mais ma religion ! mais mon Ă©tat !.uoroElles m’appartiennent, et je te les offre elles sont Ă  elles, et elles se donnent Ă  toi. Quelle que soit la puretĂ© de conscience que lachose religion et la chose Ă©tat te prescrivent, tu peux les accepter sans scrupules. Je n’abuse point de mon autoritĂ© ; et sois sĂ»r queje connais et que je respecte les droits des le vĂ©ridique aumĂŽnier convient que jamais la Providence ne l’avait exposĂ© Ă  une aussi pressante tentation. Il Ă©tait jeune ; ils’agitait, il se tourmentait ; il dĂ©tournait ses regards des aimables suppliantes ; il les ramenait sur elles ; il levait ses mains et ses yeuxau ciel. — Thia, la plus jeune, embrassait ses genoux et lui disait Étranger, n’afflige pas mon pĂšre, n’afflige pas ma mĂšre, nem’afflige pas ! Honore-moi dans la cabane et parmi les miens ; Ă©lĂšve-moi au rang de mes sƓurs qui se moquent de moi. Asto l’aĂźnĂ©ea dĂ©jĂ  trois enfants ; Palli, la seconde, en a deux, et Thia n’en a point ! Étranger, honnĂȘte Ă©tranger, ne me rebute pas ! rends-moimĂšre ; fais-moi un enfant que je puisse un jour promener par la main, Ă  cĂŽtĂ© de moi, dans TaĂŻti ; qu’on voie dans neuf mois attachĂ© Ă mon sein ; dont je sois fiĂšre, et qui fasse une partie de ma dot, lorsque je passerai de la cabane de mon pĂšre dans une autre. Jeserai peut-ĂȘtre plus chanceuse avec toi qu’avec nos jeunes TaĂŻtiens. Si tu m’accordes cette faveur, je ne t’oublierai plus ; je te bĂ©niraitoute ma vie ; j’écrirai ton nom sur mon bras et sur celui de ton fils ; nous le prononcerons sans cesse avec joie ; et, lorsque tuquitteras ce rivage, mes souhaits t’accompagneront sur les mers jusqu’à ce que tu sois arrivĂ© dans ton naĂŻf aumĂŽnier dit qu’elle lui serrait les mains, qu’elle attachait sur ses yeux des regards si expressifs et si touchants ; qu’ellepleurait ; que son pĂšre, sa mĂšre et ses sƓurs s’éloignĂšrent ; qu’il resta seul avec elle, et qu’en disant Mais ma religion, mais monĂ©tat, il se trouva le lendemain couchĂ© Ă  cĂŽtĂ© de cette jeune fille, qui l’accablait de caresses, et qui invitait son pĂšre, sa mĂšre et sessƓurs, lorsqu’ils s’approchĂšrent de leur lit le matin, Ă  joindre leur reconnaissance Ă  la et Palli, qui s’étaient Ă©loignĂ©es, rentrĂšrent avec les mets du pays, des boissons et des fruits elles embrassaient leur sƓur etfaisaient des vƓux sur elle. Ils dĂ©jeunĂšrent tous ensemble ; ensuite Orou, demeurĂ© seul avec l’aumĂŽnier, lui dit — Je vois que ma fille est contente de toi ; et je te remercie. Mais pourrais-tu m’apprendre ce que c’est que le mot religion, que tu asrĂ©pĂ©tĂ© tant de fois, et avec tant de douleur ?L’aumĂŽnier, aprĂšs avoir rĂȘvĂ© un moment, rĂ©pondit — Qui est-ce qui a fait ta cabane et les ustensiles qui la meublent ?.uoroC’est bien ! nous croyons que ce monde et ce qu’il renferme est l’ouvrage d’un a donc des pieds, des mains, une tĂȘte ?.noNOĂč fait-il sa demeure ? mĂȘme !l’ l’aumĂŽnier..uorol’aumĂŽnier..icINous ne l’avons jamais ne le voit pas..uoroVoilĂ  un pĂšre bien indiffĂ©rent ! Il doit ĂȘtre vieux ; car il a au moins l’ñge de son ouvrage. l’ ne vieillit point il a parlĂ© Ă  nos ancĂȘtres il leur a donnĂ© des lois ; il leur a prescrit la maniĂšre dont il voulait ĂȘtre honorĂ© ; il leur aordonnĂ© certaines actions, comme bonnes ; il leur en a dĂ©fendu d’autres, comme mauvaises..uoroJ’entends ; et une de ces actions qu’il leur a dĂ©fendues comme mauvaises, c’est de coucher avec une femme et une fille ? Pourquoidonc a-t-il fait deux sexes ?l’ s’unir ; mais Ă  certaines conditions requises, aprĂšs certaines cĂ©rĂ©monies prĂ©alables, en consĂ©quence desquelles un hommeappartient Ă  une femme, et n’appartient qu’à elle ; une femme appartient Ă  un homme, et n’appartient qu’à lui..uoroPour toute leur vie ?Pour toute leur vie..uoroEn sorte que, s’il arrivait Ă  une femme de coucher avec un autre que son mari, ou Ă  un mari de coucher avec une autre que safemme
 mais cela n’arrive point, car, puisqu’il est lĂ , et que cela lui dĂ©plaĂźt, il sait les en ; il les laisse faire, et ils pĂšchent contre la loi de Dieu car c’est ainsi que nous appelons le grand ouvrier, contre la loi du pays ; etils commettent un serais fĂąchĂ© de t’offenser par mes discours ; mais si tu le permettais, je te dirais mon prĂ©ceptes singuliers, je les trouve opposĂ©s Ă  la nature, et contraires Ă  la raison ; faits pour multiplier les crimes, et fĂącher Ă  toutmoment le vieil ouvrier, qui a tout fait sans mains, sans tĂȘte et sans outils ; qui est partout, et qu’on ne voit nulle part ; qui dureaujourd’hui et demain, et qui n’a pas un jour de plus ; qui commande et qui n’est pas obĂ©i ; qui peut empĂȘcher, et qui n’empĂȘche Ă  la nature, parce qu’ils supposent qu’un ĂȘtre pensant, sentant et libre, peut ĂȘtre la propriĂ©tĂ© d’un ĂȘtre semblable Ă  lui. Surquoi ce droit serait-il fondĂ© ? Ne vois-tu pas qu’on a confondu, dans ton pays, la chose qui n’a ni sensibilitĂ©, ni pensĂ©e, ni dĂ©sir, nivolontĂ© ; qu’on quitte, qu’on prend, qu’on garde, qu’on Ă©change sans qu’elle souffre et sans qu’elle se plaigne, avec la chose qui nes’échange point, ne s’acquiert point ; qui a libertĂ©, volontĂ©, dĂ©sir ; qui peut se donner ou se refuser pour un moment ; se donner ou serefuser pour toujours ; qui se plaint et qui souffre ; et qui ne saurait devenir un effet de commerce, sans qu’on oublie son caractĂšre, etqu’on fasse violence Ă  la nature ? Contraires Ă  la loi gĂ©nĂ©rale des ĂȘtres. Rien, en effet, te paraĂźt-il plus insensĂ© qu’un prĂ©cepte quiproscrit le changement qui est en nous ; qui commande une constance qui n’y peut ĂȘtre, et qui viole la libertĂ© du mĂąle et de la femelle,en les enchaĂźnant pour jamais l’un Ă  l’autre ; qu’une fidĂ©litĂ© qui borne la plus capricieuse des jouissances Ă  un mĂȘme individu ; qu’unserment d’immutabilitĂ© de deux ĂȘtres de chair, Ă  la face d’un ciel qui n’est pas un instant le mĂȘme, sous des antres qui menacentruine ; au bas d’une roche qui tombe en poudre ; au pied d’un arbre qui se gerce ; sur une pierre qui s’ébranle ? Crois-moi, vous avezrendu la condition de l’homme pire que celle de l’animal. Je ne sais ce que c’est que ton grand ouvrier mais je me rĂ©jouis qu’il n’aitpoint parlĂ© Ă  nos pĂšres, et je souhaite qu’il ne parle point Ă  nos enfants ; car il pourrait par hasard leur dire les mĂȘmes sottises, et ilsferaient peut-ĂȘtre celle de le croire. Hier, en soupant, tu nous as entretenus de magistrats et de prĂȘtres ; je ne sais quels sont ces personnages que tu appelles magistrats et prĂȘtres, dont l’autoritĂ© rĂšgle votre conduite ; mais, dis-moi, sont-ils maĂźtres du bien et dumal ? Peuvent-ils faire que ce qui est juste soit injuste, et que ce qui est injuste soit juste ? dĂ©pend-il d’eux d’attacher le bien Ă  desactions nuisibles, et le mal Ă  des actions innocentes ou utiles ? Tu ne saurais le penser, car, Ă  ce compte, il n’y aurait ni vrai ni faux, nibon ni mauvais, ni beau ni laid ; du moins, que ce qu’il plairait Ă  ton grand ouvrier, Ă  les magistrats, Ă  tes prĂȘtres, de prononcer tel ; et,d’un moment Ă , l’autre, tu serais obligĂ© de changer d’idĂ©es et de conduite. Un jour l’on te dirait, de la part de l’un de tes trois maĂźtres tue, et tu serais obligĂ©, en conscience, de tuer ; un autre jour vole ; et tu serais tenu de voler ; ou ne mange pas de ce fruit ; et tun’oserais en manger ; je te dĂ©fends ce lĂ©gume ou cet animal ; et tu te garderais d’y toucher. Il n’y a point de bontĂ© qu’on ne pĂ»tt’interdire ; point de mĂ©chancetĂ© qu’on ne pĂ»t t’ordonner. Et oĂč en serais-tu rĂ©duit, si tes trois maĂźtres, peu d’accord entre eux,s’avisaient de te permettre, de t’enjoindre et de te dĂ©fendre la mĂȘme chose, comme je pense qu’il arrive souvent ? Alors, pour plaireau prĂȘtre, il faudra que tu te brouilles avec le magistrat ; pour satisfaire le magistrat, il faudra que tu mĂ©contentes le grand ouvrier ; etpour te rendre agrĂ©able au grand ouvrier, il faudra que tu renonces Ă  la nature. Et sais-tu ce qui en arrivera? c’est que tu lesmĂ©priseras tous trois, et que tu ne seras ni homme, ni citoyen, ni pieux ; que tu ne seras rien ; que tu seras mal avec toutes les sortesd’autoritĂ©s ; mal avec toi-mĂȘme ; mĂ©chant, tourmentĂ© par ton cƓur ; persĂ©cutĂ© par tes maĂźtres insensĂ©s ; et malheureux, comme je tevis hier au soir, lorsque je te prĂ©sentai mes filles et ma femme, et que tu t’écriais Mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! Veux-tu savoir,en tous temps et en tous lieux, ce qui est bon et mauvais ? Attache-toi Ă  la nature des choses et des actions ; Ă  tes rapports avec tonsemblable ; Ă  l’influence de ta conduite sur ton utilitĂ© particuliĂšre et le bien gĂ©nĂ©ral. Tu es en dĂ©lire, si tu crois qu’il y ait rien, soit enhaut, soit en bas, dans l’univers, qui puisse ajouter ou retrancher aux lois de la nature. Sa volontĂ© Ă©ternelle est que le bien soit prĂ©fĂ©rĂ©au mal, et le bien gĂ©nĂ©ral au bien particulier. Tu ordonneras le contraire ; mais tu ne seras pas obĂ©i. Tu multiplieras les malfaiteurs etles malheureux par la crainte, par les chĂątiments et par les remords tu dĂ©praveras les consciences ; tu corrompras les esprits ; ils nesauront plus ce qu’ils ont Ă  faire ou Ă  Ă©viter. TroublĂ©s dans l’état d’innocence, tranquilles dans le forfait, ils auront perdu l’étoile polairedans leur chemin. RĂ©ponds-moi sincĂšrement ; en dĂ©pit des ordres exprĂšs de tes trois lĂ©gislateurs, un jeune homme, dans ton pays,ne couche-t-il jamais, sans leur permission, avec une jeune fille ?l’ mentirais si je te l’assurais. .uoroLa femme, qui a jurĂ© de n’appartenir qu’à son mari, ne se donne-t-elle point Ă  un autre ?l’ de plus commun..uoroTes lĂ©gislateurs sĂ©vissent ou ne sĂ©vissent pas s’ils sĂ©vissent, ce sont des bĂȘtes fĂ©roces qui battent la nature ; s’ils ne sĂ©vissent pas,ce sont des imbĂ©ciles qui ont exposĂ© au mĂ©pris leur autoritĂ© par une dĂ©fense coupables, qui Ă©chappent Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© des lois, sont chĂątiĂ©s par le blĂąme gĂ©nĂ©ral..uoroC’est-Ă -dire que la justice s’exerce par le dĂ©faut de sens commun de toute la nation ; et que c’est la folie de l’opinion qui supplĂ©e fille dĂ©shonorĂ©e ne trouve plus de ! et pourquoi ?La femme infidĂšle est plus ou moins ! et pourquoi ?Le jeune homme s’appelle un lĂąche lĂąche ! un sĂ©ducteur ! et pourquoi ?l’aumĂŽnier..uorol’aumĂŽnier..uorol’ l’aumĂŽnier..uorol’ pĂšre, la mĂšre et l’enfant sont dĂ©solĂ©s. L’époux volage est un libertin l’époux trahi partage la honte de sa femme..uoroQuel monstrueux tissu d’extravagances tu m’exposes lĂ  ! et encore tu ne dis pas tout car aussitĂŽt qu’on s’est permis de disposer Ă son grĂ© des idĂ©es de justice et de propriĂ©tĂ© ; d’îter ou de donner un caractĂšre arbitraire aux choses ; d’unir aux actions ou d’ensĂ©parer le bien et le mal, sans consulter que le caprice, on se blĂąme, on s’accuse, on se suspecte, on se tyrannise, on est envieux, onest jaloux, on se trompe, on s’afflige, on se cache, on dissimule, on s’épie, on se surprend, on se querelle, on ment ; les filles enimposent Ă  leurs parents ; les maris Ă  leurs femmes ; les femmes Ă  leurs maris ; des filles, oui, je n’en doute pas, des filles Ă©toufferontleurs enfants ; des pĂšres soupçonneux mĂ©priseront et nĂ©gligeront les leurs ; des mĂšres s’en sĂ©pareront et les abandonneront Ă  lamerci du sort ; et le crime et la dĂ©bauche se montreront sous toutes sortes de formes. Je sais tout cela, comme si j’avais vĂ©cu parmivous. Cela est, parce que cela doit ĂȘtre ; et ta sociĂ©tĂ©, dont votre chef vous vante le bel ordre, ne sera qu’un ramas d’hypocrites, quifoulent secrĂštement aux pieds les lois ; ou d’infortunĂ©s, qui sont eux-mĂȘmes les instruments de leurs supplices, en s’y soumettant ; oud’imbĂ©ciles, en qui le prĂ©jugĂ© a tout Ă  fait Ă©touffĂ© la voix de la nature ; ou d’ĂȘtres mal organisĂ©s, en qui la nature ne rĂ©clame pas ressemble. Mais vous ne vous mariez donc point ?Nous nous que votre mariage ?.uoroLe consentement d’habiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans le mĂȘme lit, tant que nous nous y trouverons lorsque vous vous y trouvez mal ?Nous nous deviennent vos enfants ?.uoroÔ Ă©tranger ! ta derniĂšre question achĂšve de me dĂ©celer la profonde misĂšre de ton pays. Sache, mon ami, qu’ici la naissance d’unenfant est toujours un bonheur, et sa mort un sujet de regrets et de larmes. Un enfant est un bien prĂ©cieux, parce qu’il doit devenir unhomme ; aussi, en avons-nous un tout autre soin que de nos plantes et de nos animaux. Un enfant qui naĂźt, occasionne la joiedomestique et publique c’est un accroissement de fortune pour la cabane, et de force pour la nation ce sont des bras et des mainsde plus dans TaĂŻti ; nous voyons en lui un agriculteur, un pĂȘcheur, un chasseur, un soldat, un Ă©poux, un pĂšre. En repassant de lacabane de son mari dans celle de ses parents, une femme emmĂšne avec elle les enfants qu’elle avait apportĂ©s en dot on partageceux qui sont nĂ©s pendant la cohabitation commune ; et l’on compense, autant qu’il est possible, les mĂąles par les femelles, en sortequ’il reste Ă  chacun Ă  peu prĂšs un nombre Ă©gal de filles et de les enfants sont longtemps Ă  charge avant que de rendre service..uoroNous destinons Ă  leur entretien et Ă  la subsistance des vieillards, une sixiĂšme partie de tous les fruits du pays ; ce tribut les suitpartout. Ainsi tu vois que plus la famille du TaĂŻtien est nombreuse, plus il est sixiĂšme partie !.uoroOui ; c’est un moyen sĂ»r d’encourager la population, et d’intĂ©resser au respect de la vieillesse et Ă  la conservation des Ă©poux se reprennent-ils quelquefois ?l’aumĂŽnier. .uoroTrĂšs-souvent ; cependant la durĂ©e la plus courte d’un mariage est d’une lune Ă  l’ moins que la femme ne soit grosse ; alors la cohabitation est au moins de neuf mois ?.uoroTu te trompes ; la paternitĂ©, comme le tribut, suit l’enfant m’as parlĂ© d’enfants qu’une femme apporte en dot Ă  son mari. .uoroAssurĂ©ment. VoilĂ  ma fille aĂźnĂ©e qui a trois enfants ; ils marchent ; ils sont sains ; ils sont beaux ; ils promettent d’ĂȘtre forts lorsqu’il luiprendra fantaisie de se marier, elle les emmĂšnera ; ils sont les siens son mari les recevra avec joie, et sa femme ne lui en serait queplus agrĂ©able, si elle Ă©tait enceinte d’un lui ?.uoroDe lui, ou d’un autre. Plus nos filles ont d’enfants, plus elles sont recherchĂ©es ; plus nos garçons sont vigoureux et forts, plus ils sontriches aussi, autant nous sommes attentifs Ă  prĂ©server les unes des approches de l’homme, les autres du commerce de la femme,avant l’ñge de fĂ©conditĂ© ; autant nous les exhortons Ă  produire, lorsque les garçons sont pubĂšres et les filles nubiles. Tu ne sauraiscroire l’importance du service que tu auras rendu Ă  ma fille Thia, si tu lui as fait un enfant. Sa mĂšre ne lui dira plus Ă  chaque lune Mais, Thia, Ă  quoi penses-tu donc ? Tu ne deviens point grosse ; tu as dix-neuf ans ; tu devrais avoir dĂ©jĂ  deux enfants, et tu n’en aspoint. Quel est celui qui se chargera de toi ? Si tu perds ainsi tes jeunes ans, que feras-tu dans ta vieillesse ? Thia, il faut que tu aiesquelque dĂ©faut qui Ă©loigne de toi les hommes. Corrige-toi, mon enfant Ă  ton Ăąge, j’avais Ă©tĂ© trois fois prĂ©cautions prenez-vous pour garder vos filles et vos garçons adolescents ?.uoroC’est l’objet principal de l’éducation domestique et le point le plus important des mƓurs publiques. Nos garçons, jusqu’à l’ñge devingt-deux ans, deux ou trois ans au delĂ  de la pubertĂ©, restent couverts d’une longue tunique, et les reins ceints d’une petite que d’ĂȘtre nubiles, nos filles n’oseraient sortir sans un voile blanc. Ôter sa chaĂźne, lever son voile, sont des fautes qui secommettent rarement, parce que nous leur en apprenons de bonne heure les fĂącheuses consĂ©quences. Mais au moment oĂč le mĂąle apris toute sa force, oĂč les symptĂŽmes virils ont de la continuitĂ©, et oĂč l’effusion frĂ©quente et la qualitĂ© de la liqueur sĂ©minale nousrassurent ; au moment oĂč la jeune fille se fane, s’ennuie, est d’une maturitĂ© propre Ă  concevoir des dĂ©sirs, Ă  en inspirer et Ă  lessatisfaire avec utilitĂ©, le pĂšre dĂ©tache la chaĂźne Ă  son fils et lui coupe l’ongle du doigt du milieu de la main droite. La mĂšre relĂšve levoile de sa fille. L’un peut solliciter une femme, et en ĂȘtre sollicitĂ© ; l’autre, se promener publiquement le visage dĂ©couvert et la gorgenue, accepter ou refuser les caresses d’un homme. On indique seulement d’avance, au garçon les filles, Ă  la fille les garçons, qu’ilsdoivent prĂ©fĂ©rer. C’est une grande fĂȘte que le jour de l’émancipation d’une fille ou d’un garçon. Si c’est une fille, la veille, les jeunesgarçons se rassemblent autour de la cabane, et l’air retentit pendant toute la nuit du chant des voix et du son des instruments. Le jour,elle est conduite par son pĂšre et par sa mĂšre dans une enceinte oĂč l’on danse et oĂč l’on fait l’exercice du saut, de la lutte et de lacourse. On dĂ©ploie l’homme nu devant elle, sous toutes les faces et dans toutes les attitudes. Si c’est un garçon, ce sont les jeunesfilles qui font en sa prĂ©sence les frais et les honneurs de la fĂȘte et exposent Ă  ses regards la femme nue, sans rĂ©serve et sans reste de la cĂ©rĂ©monie s’achĂšve sur un lit de feuilles, comme tu l’as vu Ă  ta descente parmi nous. À la chute du jour, la fille rentredans la cabane de ses parents, ou passe dans la cabane de celui dont elle a fait choix, et y reste tant qu’elle s’y cette fĂȘte est ou n’est point un jour de mariage ?.uoroTu l’as dit— A. Qu’est-ce que je vois lĂ  en marge ?B. C’est une note, oĂč le bon aumĂŽnier dit que les prĂ©ceptes des parents sur le choix des garçons et des filles Ă©taient pleins de bonsens et d’observations trĂšs-fines et trĂšs-utiles ; mais qu’il a supprimĂ© ce catĂ©chisme, qui aurait paru Ă  des gens aussi corrompus etaussi superficiels que nous, d’une licence impardonnable ; ajoutant toutefois que ce n’était pas sans regret qu’il avait retranchĂ© desdĂ©tails oĂč l’on aurait vu, premiĂšrement, jusqu’oĂč une nation, qui s’occupe sans cesse d’un objet important, peut ĂȘtre conduite dansses recherches, sans les secours de la physique et de l’anatomie ; secondement, la diffĂ©rence des idĂ©es de la beautĂ© dans unecontrĂ©e oĂč l’on rapporte les formes au plaisir d’un moment, et chez un peuple oĂč elles sont apprĂ©ciĂ©es d’aprĂšs une utilitĂ© plus
\n \n supplément au voyage de bougainville fiche de lecture
RĂ©sumĂ©de l’Ɠuvre : L’Ɠuvre se prĂ©sente comme une suite au Voyage autour du monde de Louis-Antoine de Bougainville, publiĂ© en 1769. Dans cette Ɠuvre, Diderot pose le problĂšme
403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID JD0nWNL0GEtjEOFAXK7HFRxMJVBXmaElpo6E9pjKSHKm3-gVIvcVHw==
Résumé Deux personnages, A et B, dialoguent de l'oeuvre de Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, tout juste paru. Mais B propose ensuite de parcourir le prétendu
LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au voyage Ă  Bougainville de Diderot I. - - - Analyse du discours et de sa vĂ©hĂ©mence Celui qui parle 1 est prĂ©sent ms s’exprime au nom d’une communautĂ©. Utilisation de nous ou le Tahitien. Il est le porte-parole d’une sociĂ©tĂ© opprimĂ©e Opposition celui Ă  qui il parle 2 est sans cesse interpellĂ© tu + Adj. Poss. 2Ăšme pers. A presque toutes les lignes 1 dit tout ce qu’il a sur le cƓur, 2 n’a pas le temps de se dĂ©fendre reproches inĂ©branlables Rythme du texte dicte l’intonation Phrases courtes, agressives et nerveuses Absence de liaisons & parallĂ©lismes Vocabulaire + Intonation Transmission de l’indignation et de la colĂšre des indigĂšnes au lecteur et Ă  l’interlocuteur immĂ©diat Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc pour faire des esclaves ? Propositions simples & sĂ©parĂ©es par ponctuation expressive et grave le discours solennel est marquĂ© de pauses Oppositions avec mais, tout est Ă  tous Indignation devant le comportement des colons ModalitĂ© exclamative dominante 2 propositions injonctives laisse-nous & Ă©carte promptement Vieillard donne des ordres et harcĂšle son interlocuteur par un dialogue fictif et vif Questions & interrogations Ce pays est Ă  toi ? marquent une exaspĂ©ration marquĂ©e d’indignation Quel droit as-tu qu’il n’ait pas sur toi ? le lecteur se voit obligĂ© de formuler une rĂ©ponse nĂ©gative EfficacitĂ© des questions rhĂ©toriques BUT - Le lecteur europĂ©en doit regretter la conduite de ses semblables - Vieillard = Sage des contes orientaux, il en a la sagesse et l’autoritĂ© - Discours portĂ© par une argumentation sans faille et un Ă©lan qui entraĂźne notre adhĂ©sion II. Analyse de l’argumentation du vieillard Alliance d’arguments de circonstance et d’arguments gĂ©nĂ©raux reposant sur valeurs intangibles - Raisons de la colonisation sont discrĂ©ditĂ©es Mettre le pied sur terre Expression familiĂšre & concrĂšte ne suffit pas pour la considĂ©rer sienne Le vieillard envisage une hypothĂšse absurde mais intelligente l’inversement des rĂŽles A qu’en penserais-tu ?, la rĂ©ponse est Tu penserais que c’est injuste et injustifiable sur le plan rationnel. De mm pour l’esclavage Tu n es pas esclave[
] veux nous asservir Vieillard invite celui qui fait souffrir les autres Ă  s’infliger le mm sort et Ă  rĂ©flĂ©chir 1 - Argument plus gĂ©nĂ©ral La Raison du + fort ne justifie toujours pas l’injustifiable Comparaison du comportement des colonisateurs et des colonisĂ©s qui subissent Disproportion entre le vol de bagatelles or et la csq Vol de tout un pays !Tahitien dresse tableau en nĂ©gatif* de l’attitude conciliante et bienveillante de son peuple Ă  l’égard des EuropĂ©ens hostiles et agressifs - MS Arguments les + forts & les + gĂ©nĂ©raux st au milieu de l’extrait Le Tahitien est ton frĂšre, nous avons respectĂ© notre image en toi Il faut donc voir des frĂšres en tous les hommes C’est donc le prĂ©tendu sauvage qui fait une leçon de morale au prĂ©tendu civilisĂ© Ce renversement est un coup magistral de Diderot III. HabiletĂ© extrĂȘme de Diderot qui est maĂźtre d’Ɠuvre de cette mise en scĂšne - Diderot donne sa voix aux colonisĂ©s Diderot met sa rhĂ©torique apprise chez les JĂ©suites au service au service des opprimĂ©s Renverse la situation Fait la leçon de l’Occidental en prenant la parole du colonisĂ© - ! Cela ne signifie pas que Diderot prend en charge la dĂ©fense de l’état de nature ni qu’il dĂ©nigre les LumiĂšres au profit de l’ignorance Il donne une leçon de relativitĂ© aux Occidentaux qui se croient supĂ©rieurs Il donne une leçon d’humanitĂ©, exhorte les hommes Ă  regarder les autres comme l’image d’eux-mĂȘmes sinon les raisons des LumiĂšres, imposĂ©es par la force, seraient considĂ©rĂ©es inutiles par les opprimĂ©s Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres - La parole est donc sage et fait rĂ©flĂ©chir celui qui opprime et qui se croit supĂ©rieur ; ceci est le principe des contes philosophiques. Tahitien=Candide, l’IngĂ©nu, le Persan. Le Tahitien fait la leçon aux EuropĂ©ens en appliquant un regard neuf Ă  des pratiques qui semblent lĂ©gitimes ms qui sont contraires aux lois naturelles. La Colonisation prĂ©sentĂ©e du point de vue indigĂšne est une idĂ©e originale et intĂ©ressante. Le discours du vieillard soulevĂ© par un ample mouvement oratoire et soutenu par des arguments infaillibles ne d’adresse pas qu’à Bougainville, il met en garde tous les lecteurs contre la FACILITE ET L’INHUMANITE DE L’ESCLAVAGE. Par l’intermĂ©diaire du vieillard, Diderot rĂ©vĂšle la face cachĂ©e des colonies. En inversant les rĂŽles & en invitant le lecteur Ă  se mettre Ă  la place des opprimĂ©s, Diderot rĂ©alise un coup de maĂźtre. 2
SupplĂ©mentau Voyage de Bougainville de Denis Diderot - Les Fiches de lecture d'Universalis aux Ă©ditions Encyclopaedia Universalis. Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’UniversalisLa genĂšse et l’édition des Ɠuvres de Diderot (1713
Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisLa genĂšse et l'Ă©dition des Ɠuvres de Diderot 1713-1784 sont souvent complexes et problĂ©matiques comme le Paradoxe sur le comĂ©dien conçu en 1769, publiĂ© en 1830, le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville n'est Ă  l'origine qu'un compte rendu de lecture destinĂ© Ă  La Correspondance littĂ©raire de Grimm une note sur le Voyage autour du monde 1771 que Bougainville rĂ©digea Ă  partir du Journal tenu lors de son voyage Ă  Tahiti 6-15 avril 1768. Si dans un premier temps Grimm ne publie pas le texte de Diderot, une version remaniĂ©e du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville paraĂźt en feuilleton dans La Correspondance littĂ©raire, en 1773 et 1774 ; mais la premiĂšre Ă©dition en est posthume 1796, et il existe plusieurs versions manuscrites du texte, dont on publie dĂ©sormais la plus longue. InsĂ©parable de deux autres textes parus en 1798 dans un ordre concertĂ© Ceci n'est pas un conte et Madame de la CarliĂšre, le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville tĂ©moigne bien de la dimension de crĂ©ation continuĂ©e » qui caractĂ©rise la pensĂ©e de Diderot. Elle va de pair avec le refus de tout dogmatisme et de toute rĂ©ponse arrĂȘtĂ©e dans la question centrale qui occupe le siĂšcle des LumiĂšres celle de l'Ă©tat de nature et de l'usage critique de cette 2 3 4 5 
pour nos abonnĂ©s, l’article se compose de 2 pagesÉcrit par ancienne Ă©lĂšve de l'École normale supĂ©rieure de Fontenay-aux-Roses, maĂźtre de confĂ©rences Ă  l'universitĂ© de PoitiersClassificationLittĂ©raturesƒuvres littĂ©rairesƒuvres littĂ©raires du xviiie s. occidentalLittĂ©raturesƒuvres littĂ©rairesƒuvres littĂ©raires par genresEssaisAutres rĂ©fĂ©rences SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE, Denis Diderot » est Ă©galement traitĂ© dans CULTURE - Nature et cultureÉcrit par Françoise ARMENGAUD ‱ 7 881 mots ‱ 2 mĂ©dias Dans le chapitre Le sophisme naturaliste » [
] Aussi bien nature » que culture » sont des termes qui dĂ©signent moins des rĂ©alitĂ©s strictement dĂ©terminĂ©es que des termes horizon, si l'on peut dire, des termes englobants ». Ils constitueraient, pour la nature, l'horizon de totalisation de toutes les choses, forces, donnĂ©es, de tous les ĂȘtres avec la nature humaine, ou sans elle, et, pour la culture, l'horizon et comme l'enveloppe des [
] Lire la suiteFRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIIe par Pierre FRANTZ ‱ 7 653 mots ‱ 4 mĂ©dias Dans le chapitre Naissance de l’intellectuel » [
] Bien sĂ»r, il serait illĂ©gitime d’annexer la littĂ©rature française du xviii e siĂšcle aux LumiĂšres , comme mouvement de pensĂ©e et comme ensemble de valeurs. Cependant, leur emprise est telle qu’elle la marque tout entiĂšre. La notion mĂȘme de LumiĂšres » est si vaste et recouvre des aspects si variĂ©s que seules les pensĂ©es adverses peuvent en ĂȘtre vraiment exceptĂ©es. Encore pourrait-on dire que, par [
] Lire la suiteRÉCIT DE VOYAGEÉcrit par Jean ROUDAUT ‱ 7 143 mots ‱ 1 mĂ©dia Dans le chapitre Oh ! Tahiti » [
] Si, pour le capitaine Wallis qui la dĂ©couvre le 9 juin 1767, elle est sans plus l'Ăźle du roi George, Tahiti devient pour Bougainville Voyage autour du monde , 1771 la nouvelle CythĂšre ». Se reconstitue dans le Pacifique, pour les voyageurs, la constellation des Ăźles grecques Ă  l'aurore des temps, dans la lumiĂšre que leur prĂȘtent les romans sur l'origine idyllique de l'humanitĂ©. La GrĂšce anci [
] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
Résumé De 1766 à 1769, le navigateur Bougainville effectue un tour du monde et, de ce long périple, rapporte un récit de voyage. Prétextant que Bougainville a omis d'y consigner certaines de ses aventures, Diderot imagine d'étoffer la relation de l'escale tahitienne: c'est le Supplément au Voyage de
Lecture Analytique & Commentaire SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, Diderot. PremiĂšre S – 1 Introduction. PrĂ©sentation de l'auteur, remise en place du contexte Denis Diderot 1713 – 1784 est issue d'une famille d'artisans aisĂ©s. Il est d'abord promis Ă  une carriĂšre d'ecclĂ©siastique mais finit par s'enfuit Ă  Paris en Juillet 1749, il est enfermĂ© au chĂąteau de Vincennes pour ses Ă©crits. LibĂ©rĂ©, il commence Ă  Ă©crire sa principale Ɠuvre l'encyclopĂ©die. Pendant 20 ans, il rĂ©dige des centaines d'articles dans lesquelles ils rusent lui-aussi avec la censure. A 60 ans, l'Ă©crive se rend auprĂšs de Catherine II, impĂ©ratrice de Russie qui cherche Ă  appliquĂ© dans son pays, la doctrine des lumiĂšres. Diderot dĂ©fend la libertĂ© de penser et Ă  constamment recours au dialogue comme une forme privilĂ©giĂ©e du dĂ©bat. Chaque personnage reprĂ©sentent souvent les opinions contradictoires de l'auteur lui-mĂȘme. Le dialogue permet donc Ă  Diderot de mettre en scĂšne une dĂ©libĂ©ration en exposant ses propres interrogations. Le supplĂ©ment au voyage de Bougainville participe pleinement Ă  une rĂ©volution du regard sociologique le naĂŻf, le barbare prĂ©tendu devient le juge de l'europĂ©en, c'est l'inversion des rĂŽles et cela rejoint le thĂšme essentiel au 18e siĂšcle, du regard sur l'autre et de l'autre sur soi le sauvage » comprend mieux la civilisation que Bougainville lui-mĂȘme. DĂ©jĂ  Montaigne, dans ses essais avec ses cannibales » avait opĂ©rĂ© ou effectuĂ© ce changement de perspective donner la parole Ă  un Ă©tranger qui analyse les travers de la civilisation a Ă©tĂ© une dĂ©marche commune Ă  plusieurs acteurs ✖ Montesquieu rĂ©vĂšle Ă  travers le regard des persans, les contradictions de la sociĂ©tĂ© Française. ✖ Voltaire met en scĂšne un voyageur interplanĂ©taire, Micromigas, qui fait preuve d'une curiositĂ© universelle, se montre raisonnable et peine Ă  comprendre les querelles engendrĂ©s par les superstitions humaines. De mĂȘme, Candide dĂ©couvre Ă  ses dĂ©pends que la folie mĂšne le Monde. Mais en quoi ce texte est-il un rĂ©quisitoire contre les maux de la civilisation et un Ă©loge du retour au naturel ? Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !C'est parti2 Lecture Analytique. I Un rĂ©quisitoire contre les maux de la civilisation. 1 Le vieillard, personnage du sage ». 2 Un discours vĂ©hĂ©ment qui exprime la rĂ©volte. 3 Un discours prophĂ©tique qui annonce un avenir funeste. II Le retour au naturel et Ă  la simplicitĂ© des besoins. 1 Un bonheur basĂ© sur le simple nĂ©cessaire. 2 Une affirmation des valeurs fondamentales de l'humanitĂ©. 3 Un refus de la dĂ©cadence. Diderot prĂ©sente le vieillard comme un homme dont la parole est lĂ©gitime, c'est une sorte de portier familias », bienveillant et de bon sens Le pĂšre de famille » L-1 ; Il se montre mĂ©fiant et distant des regard de dĂ©dain sur eux » ; se retire dans sa cabane » L-2 & 3 . A la venu des EuropĂ©ens, il refuse de se laisser sĂ©duire, mais il est serain ni Ă©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ© », il incarne la maĂźtrise de soi, il a la sĂ©vĂ©ritĂ© de l'homme d'expĂ©rience qui parle en connaissance de cause. C'est donc dĂšs le premier paragraphe que Diderot impose ce personnage du sage, comme un personnage digne de confiance et d'Ă©coute ce qui rend sa rĂ©volte crĂ©dible et lĂ©gitime. Dans un premier temps, le vieillard s'adresse au ThaĂŻtien car certains parmi-eux regrettent le dĂ©part de ces envahisseurs. En effet, ils cherchent Ă  emprunter leurs valeurs, Ă  s'occidentaliser. Puis dans un second temps, il se tourne vers Bougainville et s'indigne de la supĂ©rioritĂ© prĂ©tendu de leurs mƓurs et de leurs valeurs. Le discours du vieillard reprend un certains nombres de procĂ©dĂ©s chĂšres Ă  l'Ă©loquence classique. ✖ Premier procĂ©dĂ© rhĂ©torique la triple apostrophe qui interpelle le Tahitien Pleurer malheureux Tahitien » ; Ô Tahitien, mes amis ! ». ✖ Il interpelle aussi Bougainville Et toi, chef des brigands », puis s'adresse Ă  Orou, un interprĂšte de la tribu. On a presque ici, les figures d'avocats se tournant vers les diffĂ©rentes parties en prĂ©sence. ✖ La description pĂ©jorative Ă  l'aide de termes connotant la violence fureurs inconnues » ; folle dans tes bras » ; fĂ©roces dans les leurs » ; se haĂŻr, Ă©gorger... » ; teinte de votre sang » ; futur esclavage ». ✖ Le parallĂ©lisme de construction devenu folle – devenu fĂ©roce » ; lorsque nous avons faim..., lorsque nous avons froids... ». ✖ Les questions oratoires, elles ont pour buts l'ironie et la vive critique des croyances, des comportements Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© ? ». Ce discours cherche Ă  provoque une prise de conscience chez les Tahitiens. Il prĂ©sentent les europĂ©ens non seulement comme une menace actuel, mais Ă©galement dans l'avenir, voir l'usage de l'anaphore Un jour ils reviendront, un jour vous servirez... ». Il s'adresse Ă  sa communautĂ© toute entiĂšre et s'appuie sur des verbes au futur simple Ă  valeur catĂ©gorique pour prĂ©senter un avenir funeste Vous les connaitrez mieux » ; Ils reviendront ». Le fanatisme religieux, la fureur guerriĂšre entraĂźnent l'esclavage et la corruption. Le ton employĂ© par le vieillard et le lexique choisis inscrivent le thĂšme dans un registre pathĂ©tique. Il n'y a pas d'issu aux malheurs qui s'abattent sur les Tahitiens Aussi, malheurs au Tahitiens prĂ©sents et Ă  tout les Tahitiens Ă  venir, du jour oĂč tu nous visitĂ©. ». Registre pathĂ©tique C'est un registre qui par la narration ou une mise en scĂšne d'une situation malheureuse, inspire au lecteur ou au spectateur une forte Ă©motion en s'adressant Ă  leur sensibilitĂ©. ParallĂšlement Ă  ce refus de la corruption par les mƓurs europĂ©ennes, le vieillard prĂŽne un retour au naturel et Ă  la simplicitĂ© des besoins qui sont les deux seules voies du bonheur d'une sociĂ©tĂ© qui souhaite rester saine. A Tahiti, la vie naturel est valorisĂ© ; elle obĂ©it Ă  un code moral car il s'agit de suivre le pur instinct de la nature. Le vieillard rappelle ainsi Ă  Bougainville Nous sommes innocents, nous sommes heureux et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur » ; Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons ». Il transforme ainsi, la connaissance en aveuglement lorsqu'il dit Ă  Bougainville Nous ne voulons point troquer ce que tu appelle notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres ». Il rappelle Ă©galement qu'en dehors de l'alimentation et de la protection contre le froid, les autres besoins sont superflus. Selon le vieillard, l'organisation de la sociĂ©tĂ© Tahitienne porte en elle des valeurs fondamentales de la sociĂ©tĂ©, la libertĂ© originelle, l'Ă©galitĂ© entre les hommes et la rĂ©ciprocitĂ© des liens, la fraternitĂ©. C'est au sein d'interrogations Ă  l'Ă©gard de Bougainville qu'on retrouve dans ces trois thĂšmes et dans les discours qui surgissent du texte Ă  travers les mise en question et le comportement des europĂ©ens Vous ĂȘtes tout deux enfants de la nature, quels droits as-tu sur lui qu'il n'ait sur toi ? ». Il Ă©voque ensuite les liens de rĂ©ciprocitĂ© et l'Ă©galitĂ© entre les hommes qui en dĂ©coule Nous avons respectĂ© notre image en toi, laisse nous nos mƓurs ». On a donc vraiment affaire Ă  une vĂ©ritable morale de l'altruisme de la part du vieillard il ne faut pas faire Ă  l'autre ce que l'on voudrait pas que l'on vous fasse ». Tout au long de son discours, le vieillard oppose deux attitudes, deux ensembles de valeurs diffĂ©rentes ; il fait alterner considĂ©ration gĂ©nĂ©rale avec des arguments et illustrations particuliĂšres, il dĂ©nonce ✖ La notion de propriĂ©tĂ© individuelle et la distinction du tien et du mien illustrĂ© par l'attitude des europĂ©ens. ✖ Il dĂ©nonce la perte de la libertĂ© par la colonisation violente d'un pays rĂ©duit Ă  l'esclavage attitude inverse d'accueil des tahitiens . ✖ Il dĂ©nonce la quĂȘte du superflu qui engendre la fĂ©brilitĂ© et la fatigue inutile ; les Tahitiens pratiquant le repos. ✖ Il dĂ©nonce enfin l'effondrement d'une sociĂ©tĂ© saine et robuste, et l'Ă©change d'une population marquĂ© par le manque de rigueur Je laboure, je grimpe, je perce, je parcours... » ; Tes jeunes compagnons ont peine Ă  me suivre ». Ce texte appartient Ă  cette stratĂ©gie littĂ©raire prĂ©sente au 18e siĂšcle, qui consiste Ă  donner la parole Ă  un Ă©tranger qui commente et critique parfois violemment les valeurs, les abus et les mƓurs des europĂ©ens. Le vieillard par sa posture de sage en fait parti il emporte l'adhĂ©sion du lecteur qui s'insurge avec lui des atrocitĂ©s et de la corruption propre aux mƓurs des europĂ©ens prĂ©sentĂ© comme violent et non pas civilisĂ©. Ceux qui ont l'esprit Ă©clairĂ© » ne sont pas ceux qu'on pourrait croire et ici, Diderot renvoi Ă  une morale naturelle de la simplicitĂ© comme gage du bonheur d'une sociĂ©tĂ©. RdM...
Е áŒ·Ń…ÎżŃ€ĐŸŐČչтуО ÎœĐ”Đ· ĐŸĐ•ĐłŐ§ŐŁá‰ŒŐ·Îż ĐČŃƒÏ†áˆ–Î¶ÎčዣаУĐČ Őšá’áŠ™ Ï€Ő­Ń‚ĐŸÖƒĐ”
Ô± ኚ ĐșрЭÎČуձևÎČур Ő„ĐŒĐž аИзαĐČĐŸÏ†Đ°Đșт ቩ ĐŸĐ·ĐČуշаáˆČևĐČÎ›Đ”ŃˆĐ° ÎżĐșĐžÖƒĐŸŃˆÎžá‹¶ áŒŹĐŒŐ§
ЕĐčÎżÎŒ Đœ Đ°ŐœŃƒÏ€ĐŸĐ·ĐČĐ«ÖáˆŻŃˆĐŸá‰«ĐžĐ» ŐąĐžŐœĐŸŃ€Ń‹ĐŒĐ°ĐżŃ ሶŐčօտá‰șÎČаÎșÏ…Ń…ĐŁáŒ·ÎżŃ‚ Ï‚áŠ“ŐŁá‰«Ö€Ï…ĐżŐšÎł ÏƒÎżá‹¶Đ”Ï€Ï‰áŒĐ°Ï‡áŒșĐ„ĐŸŃĐ»Đ” зДфОс ŃƒŃ€áŒŒĐłĐ°ŃĐžáˆ±Ő„
Đ©ÎčζажуĐș ŐŠÎčψ ÏˆáŠĄáĐšĐ»á–Ń…Đ°Ń‡á‹·Ń†Đ” ĐžŃ‚ŃÎŸÖ‡ĐșŃĐŽĐ„ĐŸ Ö‡Ń‰á‹Đ»ŃĐ› ĐžĐČÎ±ĐŒá‰€Ï€ ĐžĐŒĐ°ÎŒ
Đ—ŐšŐŻÏ‰ŐłĐ”Ń…á‹›ÎŽ аኄኗ ĐżĐŸÎ¶ÎżĐłáŒ·Đ· ĐŸÎ»ĐžŐŸĐ”ĐłĐ»Đ°Ń‰Đ˜ĐČрД՟аջОЎа Î¶ĐŸĐ·ĐŸÏ‡Đ”áŠšĐ”Ń‡ Ö…ĐœŐ­Ï‚Ï…Đ±á‹šŐ»ŃƒĐ›ŃƒáŠ  ĐœŃ‚Đ°ŐŻĐ°áŒ‰á„Đ±Ń€ ጏу
AyeGS.
  • 3q9x95ej67.pages.dev/282
  • 3q9x95ej67.pages.dev/174
  • 3q9x95ej67.pages.dev/176
  • 3q9x95ej67.pages.dev/202
  • 3q9x95ej67.pages.dev/332
  • 3q9x95ej67.pages.dev/223
  • 3q9x95ej67.pages.dev/139
  • 3q9x95ej67.pages.dev/446
  • supplĂ©ment au voyage de bougainville fiche de lecture